Le Président de la République a parlé de « 66 millions de procureurs » en France ? C’est bien sûr un raccourci. Mais toutes les études d’opinion constatent, depuis de nombreuses années, un syndrome national très particulier, les Français étant beaucoup plus que chez nos voisins portés par le pessimisme et la protestation. Les défiances touchent les politiques mais pas seulement, les « élites » économiques, médiatiques et même scientifiques par exemple sont touchées. La dernière vague du baromètre du Cevipof-Sciences Po (vague 2020, celle de 2021 va sortir en février), « En qu(o)i les Français ont-ils confiance aujourd’hui ? », réalisé par OpinionWay, permet d’explorer de nombreuses questions et de les comparer aussi – dimension très éclairante – avec la perception de ces enjeux de confiance/méfiance/défiance chez nos voisins allemands et anglais. Etude très instructive, comme vous pouvez le découvrir ici, sur de nombreux sujets liés ou non à la crise du Coronavirus. On constate en effet une très nette singularité française, l’opinion est majoritairement installée en France (et depuis longtemps) dans une posture de méfiance et de défiances plurielles (avec un léger mieux, mais insuffisant sans doute, mesuré depuis 2018).
Sur l’état d’esprit et la confiance en général
Sur les institutions politiques
Cette étude d’opinion a été réalisé en la 1ère quinzaine d’avril 2020, à partir d’un échantillon de 1899 personnes représentatives de la population française de 18 ans et plus, de 1008 personnes représentatives de la population britannique de 18 ans et plus, et de 1005 personnes représentatives de la population allemande de 18 ans et plus.
Sur cette passionnante enquête d’opinion, le politologue Pascal Perrineau, livre ici son analyse: sur « l’ampleur du fossé, sur le terrain de l’inquiétude », qui sépare la société française des sociétés allemandes et anglaise; sur la « société de défiance » qui en France peut devenir « une société de colère politique » ; sur ce qui peut en résulter, pour « l’après » ; avec deux hypothèses qu’il énonce aussi dans cette vidéo, celle « de lendemains difficiles » une fois la crise sanitaire passée, la France se braquant « sur les autres » en terme de responsabilité (l’étranger, l’Europe, la globalisation…); ou, hypothèse plus optimiste, « la nécessité (et volonté) de remettre les choses à plat », avec la redéfinition positive de « trois contrats », « le contrat civique », « le contrat social » et « le contrat européen ».