L’essayiste Nicolas Baverez était l’invité d’un petit déjeuner de rencontre-débat de La Revue Civique (organisé avec We Agency), où il évoquait et analysait précisément les menaces pesant actuellement sur les démocraties européennes. L’auteur de « Violences et passions » (Ed de L’Observatoire; 2018) distinguent trois types de menaces pesant sur notre espace de libertés :
–le djihadisme
–les « démocratures », ces régimes autocratiques et autoritaires issus d’élections
–le populisme, qui menace de l’intérieur par sa démagogie explique-t-il, l’équilibre démocratique et l’Etat de droit.
Cet auteur, chroniqueur au Point, qui se situe dans la lignée intellectuelle de Raymond Aron, estime aussi que « la dénonciation morale du populisme », à elle seule en tout cas, « est inopérante »: « il faut répondre aux causes profondes du populisme, précise-t-il aussi dans cette interview vidéo (recueillie par Jean-Philippe Moinet, fondateur de La Revue Civique), en permettant par exemple « une croissance plus inclusive et durable » et « une prise en compte sérieusement des problèmes de sécurité », cette prise en compte devant aussi « respecter l’Etat de Droit » souligne-t-il.
Dans ce court entretien en vidéo, Nicolas Baverez explique aussi que les prochaines élections européennes (de Mai 2019) « seront sans doute les plus importantes » depuis la création de l’élection au suffrage universel du Parlement Européen (en 1979):
Lors d’un moment de rencontre et de réflexion que La Revue Civique organisait avec Nicolas Baverez, celui-ci a pu longuement exposer les diverses types de menaces qui pèsent, actuellement, sur les démocraties en Europe. Abordant la question de « l’engagement » des citoyens, l’essayiste a estimé que la période appelait à « sortir d’une forme de repos démocratique »: les mises en causes, extérieures et intérieures, sont telles actuellement, a-t-il expliqué, que les défenses démocratiques sont mises à l’épreuve.
Orban s’est placé « hors de l’ordre européen »
A propos par exemple du régime hongrois de M. Orban, Nicolas Baverez a confié qu’il considérait que ce dirigeant au penchant autocratique « a bénéficié d’une certaine complaisance » d’une « partie de la droite européenne »: sur les migrants, à ses yeux « il est le moins critiquable »; mais il ne devait pas moins être « ciblé sur les vrais problèmes » qu’il pose à l’Europe et en nos démocraties, à savoir « le contrôle de l’économie (dans son pays) par des oligarques », « le contrôle des tribunaux, des universités, des médias… »: en cela, relève-t-il, M. Orban s’est clairement placé « hors de l’ordre européen ».
Concernant la confrontation à venir, en Europe, sur la défense des principes démocratiques, Nicolas Baverez a estimé qu’il faut certes des engagements de la société civile, des citoyens eux-mêmes, mais que des « réponses politiques » doivent se faire entendre avec puissance: pour cela, « il faut des leaders, des projets, des supports », analyse-t-il. Or, en 2017 en France, « le système politique traditionnel s’est effondré », et le risque est celui d’un « certain vide » : « Emmanuel Macron a sous-estimé le travail politique à faire; ce qui laisse un espace aux extrémismes des deux bords », estime l’essayiste.