25 septembre, journée de commémoration nationale en faveur des Harkis. La représentante du Gourvernement, la Secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants, Geneviève Darrieussecq, prend la parole. Devant 150 personnes, environ. Des associations d’Anciens combattants harkis. Des harkis décorés et quelques familles. Des élus, peu, en écharpe tricolore. Dont Marine Le Pen. La musique de la Garde Républicaine fait retentir tambours et instruments dans la Cour d’Honneur.
Cette Cour de l’Hôtel des Invalides, ce 25 septembre, est sous le soleil. Réconfort pour les vieux harkis présents ? Mémoire et honneur en tout cas sont un devoir pour ces combattants Français, abandonnés aux massacres par dizaine de milliers au moment de l’indépendance de l’Algérie et de violences déchaînées.
La musique de la Garde Républicaine va entonner La Marseillaise. Des drapeaux d’Anciens Combattants harkis, d’un seul coup, vont se redresser. L’émotion traverse les rangs dégarnis.
La Secrétaire d’Etat, Geneviève Darrieusseq, prend la parole pour souligner qu’un devoir national de mémoire envers les Harkis doit rassembler la Nation. Ce travail passe par un discours de vérité: « La France a abandonné ses propres soldats » déclare-t-elle, dans la Cour des Invalides. Elle évoque aussi les conditions indignes dans lesquels les harkis ont aussi, quand ils ont pu être rapatriés d’Algérie vers la France, été parqués. Ces lieux sont devenus des lieux de mémoire. Que l’actuel Ministère des Armées va s’employer à entretenir et développer.
En charge des Anciens Combattants auprès de la Ministre des Armées Florence Parly, Geneviève Darrieussecq commente aussi, après la cérémonie, une série de mesures réparatrices, financières notamment: elle présente le dispositif financier décidé, dispositif « de réparation et de solidarité, doté de 40 millions d’euros en 4 ans (2019-2024) ». Interrogée par La Revue Civique sur l’enjeu de l’ouverture des archives, sur les deux rives de la Méditerranée (sujet sur lequel travaille depuis des années aussi l’historien Benjamin Stora), la Secrétaire d’Etat ne peut répondre, naturellement, que pour la partie française: elle explique qu’une action est menée pour protéger et restaurer les archives françaises relatives aux Harkis. Et qu’une action de « transmission » de leur histoire consiste aussi, actuellement, à réunir des paroles de harkis, de femmes et d’enfants de harkis aussi, paroles pouvant favoriser à l’avenir la sensibilisation des publics aux harkis et à toutes les souffrances, physiques et morales, qu’ils ont pu endurer pendant des années.
Marine Le Pen tenait à être présente, parmi les élus, à cette commémoration nationale des Invalides. La Présidente du « RN » est toujours à l’affût aussi sur cette question des Harkis. Critiquant « les insuffisances » des réparations annoncées.
Deux harkis sont fiers, sobrement eux quand on leur demande, de montrer leurs décorations, représentatives de leurs faits d’armes. On le sait, ils n’ont pas été assez reconnus par la Nation. Leur histoire est souvent méconnue. Elle est pourtant souvent héroïque. Des dizaines de milliers d’entre eux ont été massacrés, abandonnés par la France pendant les violences déchaînées du FLN au moment de l’indépendance de l’Algérie: le pouvoir politique, côté Français (le Ministre des Armées P. Messmer) avait donné l’ordre aux troupes françaises sur place de ne pas secourir leurs compagnons d’armes soumis aux pires menaces et violences. Une tragédie longtemps passée sous silences. Les Présidents Sarkozy et Hollande avaient tenu à faire acte de reconnaissance officielle de leur abandon. Une tragédie sans doute irréparable. Même si elle mérite aujourd’hui d’être précisément racontée dans le cadre d’une mémoire partagée. D’ailleurs, la Secrétaire d’Etat a annoncé que la France doit « aller plus loin » en matière de reconnaissance : le Président de la République, Emmanuel Macron, a-t-elle précisé, « rendra un hommage collectif et solennel aux Harkis au mois de décembre (2018) », pour affirmer « au nom du pays tout entier que oui, ‘aux harkis, la France est reconnaissante’ « .
Une plaque, reste heureusement de marbre, au 1er étage des Invalides. 1942-1962, une sacrée histoire en Algérie.
(Photos et textes @JP_Moinet – 25/09/2018)