Les Français en attente de démocratie participative

(analyse de la Revue Civique, sur la base des études et sondages du CEVIPOF et des instituts Opinionway, Ipsos et Ifop)

La Revue Civique a rassemblé dans son nouveau numéro (Hiver 2011-2012) les résultats de différents sondages parus récemment et qui indiquent une demande croissante de démocratie participative de la part de nos concitoyens.

Premier constat : les Français doutent du fonctionnement de notre démocratie et n’accordent plus leur confiance ni à la droite ni à la gauche pour mener à bien les affaires du pays.

La démocratie fonctionne mal

Le dernier baromètre Cevipof/OpinionWay révèle qu’une grande majorité de Français perçoivent un dysfonctionnement dans notre démocratie. Effets d’une « hyper-présidence » qui a encore accentué la concentration et la personnalisation du pouvoir ? Manque d’expression et de participation dans la vie politique en dehors des élections ? Ce résultat confirme en tout cas l’insatisfaction concernant l’organisation « verrouillée » des partis politiques et la faiblesse des processus de consultation et des logiques participatives.

Ni la gauche, ni la droite n’inspirent confiance

Autre reflet de la forte suspicion qui sépare les citoyens de la société politique actuelle, autre indice de protestation, le dernier baromètre Cevipof/Opinion Way constate une défiance marquée des Français envers la droite comme la gauche. Ils sont même une majorité à rechercher un « ailleurs » politique : 52% affirment en effet ne pas avoir confiance « ni dans la droite ni dans la gauche pour gouverner le pays ». Ce vaste gisement électoral échappe au clivage traditionnel et caractérise, avec de grandes fluctuations possibles et donc de vraies incertitudes, l’opinion publique avant les grands choix électoraux.

Et pourtant, nos compatriotes manifestent un intérêt marqué pour les enjeux politiques et civiques. En témoigne le succès innatendu des primaires mises en place par le Parti Socialiste, dont le principe à séduit jusqu’aux sympathisants de l’UMP.

L’impact des primaires

1- Le succès des primaires socialistes

Le succès des primaires socialistes a pris tout le monde par surprise, même les initiateurs du processus. Plus de trois-quarts des Français ont considéré que ces primaires avaient été « une bonne chose », selon un sondage IFOP réalisé pour le Journal du Dimanche en octobre 2011, peu après l’opération. Un résultat qui confirme l’appétit de participation des citoyens quand on prend soin de les consulter. A noter que cette séquence des primaires a surpris quant à l’intérêt porté par nos compatriotes aux débats parfois longs et complexes organisés entre les candidats, alors que de nombreux journalistes avaient trouvé ces débats ennuyeux. Preuve aussi du décalage d’appréciation entre certaines élites médiatiques et les citoyens.

2- Le grand souhait côté UMP

Le mouvement de participation citoyenne, dans le processus de sélection des candidats, semble irréversible. Le même sondage (Ifop/JDD) a posé la question en ce qui concerne le souhait de voir d’organiser des primaires non seulement pour le PS mais aussi pour l’UMP, et là encore, la majorité est très large : 65% des personnes interrogées souhaitent en effet que le parti de droite désigne par ce moyen le candidat à l’élection présidentielle de 2017. Ils sont 64% à souhaiter des primaires à droite, parmi les sympathisants de l’UMP comme pour ceux d’Europe Ecologie- Les Verts. Cette demande monte à 74% pour les citoyens proches du PS, et atteignent 76% parmi les sympathisants du MODEM. Le révélateur des primaires concerne ainsi toutes les sensibilités de l’arc républicain (les électeurs des extrêmes étant les plus réservés).

De manière plus générale, la  démocratie participative et la concertation sont paticulièrement appréciées par les Français. Ces derniers avaient d’ailleurs plébiscité l’idée d’une grande journée de consultation annuelle, proposition développée par la Revue Civique.

Vers une grande journée de consultation annuelle?

 1- La démocratie participative très bien perçue

Réalisé par Harris Interactive pour ResPublica, le « baromètre de la concertation et de la décision publique 2012 » mesurait dernièrement la perception de la démocratie participative, massivement appréciée. De quoi faire évoluer la culture et les pratiques institutionnelles françaises ?

2- Pour une grande journée de participation

Les Français désirent s’exprimer sur les enjeux politiques et de société en dehors des élections ou du sujet de la sélection des candidats. L’étude Ipsos qu’avait commandé la Revue Civique en 2010 avait montré que 6 Français sur 10 jugent efficaces notre proposition de créer chaque année une grande journée de consultation des Français sur les grands sujets qui les concernent, des grandes missions de l’Etat -justice, éducation, sécurité…- aux questions sociales, en passant par l’Europe ou divers sujets de société. Concrètement, on peut imaginer organiser cette journée avec des instituts et des institutions indépendantes afin d’en assurer l’impartialité. Une manière d’ouvrir et d’alimenter les débats en dehors des élections et de rapprocher les citoyens de la vie publique.